Cet article peut être "provocateur" pour certains... Mais son
contenu donnera de l'information importante, qui permet à chacun de se faire
son opinion.
"Clovis n 'est pas la France" c'est ce slogan qui sert
de cri de ralliement
aux opposants à la venue de Jean-Paul II. A côté des "collectifs contre
la
venue du Pape" qui quadrillent la France et recrutent à l'extrême gauche,
un
fort courant laïc se structure au sein de l'opposition et des syndicats, sous
l'autorité morale de la franc-maçonnerie et la houlette du Réseau Voltaire.
L'adversaire est divisé. C'est le 29 juin dernier que la
rupture a été
consommée entre les "laïques" et les "collectifs".
Réunis, ce jour-là, à
l'invitation du "Collectif contre la venue du Pape à Tours", sept
groupes
opposés à sa venue décidaient d'une manifestation d'ampleur nationale, à
Tours, le 21 septembre prochain, le jour même où le Pape y célébrera la
messe
d'ouverture de l'Année Saint-Martin. Les collectifs de Reims, de Tours et du
Morbihan s'associaient, pour l'occasion, à ceux de Vendée, des Deux-Sèvres,
du Loiret, de l'Eure, avec le soutien sans faille du planning familial.
Outre ce défilé, les collectifs réorganisent des manifestations à Reims, les
2 et 12 septembre, à Lorient, le 14, plus une kyrielle de rassemblements, de
Strasbourg à Montpellier.
Le Réseau Voltaire a boudé l'invitation: il organise sa propre
manifestation
nationale, le dimanche 22 septembre, place de la République, à Paris. Avec
lui, se joindront les militants du Mrap, de la Licra, de la Ligue des droits
de l'homme, les activistes de Droit au logement, Agir contre le chômage, Ras
l'Front, les membres de la Fédération anarchiste et les frères ennemis du
trotskisme : la Ligue communiste révolutionnaire et le Parti des
travailleurs. A leurs côtés, les "politiques" de Radical, des Verts
et du PC
donneront la main aux syndicats: Marc Blondel a annoncé sa participation pour
F0, les militants du SUD (PTT et SNCF), de la FEN et de la CGT seront dans le
cortège. La pression s'intensifie en direction de la CFDT et du PS pour
qu'ils prennent place dans le camp des laïques.
Le Réseau Voltaire a trouvé là un terrain de lutte idéal pour étancher la
haine anti-catholique de son président Thierry Meyssan, également animateur
du projet Ornicar, un groupement d'une quinzaine d'associations
homosexuelles.
Son talent d'agitateur trouve sa pleine mesure avec la création, le 2 mars
1994, du "Réseau Voltaire pour la liberté d'ex-pression", porté sur
les fonts
baptismaux, le 31 janvier, dans une salle du Parlement Européen réservée par
Radical. Cette association, loi de 1901, engage un combat "contre la
censure" en tentant d'obtenir l'abrogation de l'article L 227-24 du nouveau
Code pénal (dit amendement Joli-bois, du nom de son rédacteur), qui permet de
poursuivre les publications incitant à la perversion. A ses côtés, quelques
revenants de la provocation, comme André Bercoff, promoteur de la
pornographie à la télévision et collaborateur du magazine érotico-mondain
Entrevue, Patrick Farbiaz, animateur de l'association les Pieds dans le paf,
ou Jean-Luc Dumesnil, porte parole de Gay et lesbienne, chez les Verts. En
deuxième-me ligne, les représentants des partis politiques : Jean-François
Hory pour Radical, Noël Mamère et Yves Frémion pour les Verts, Jack Lang et
Michel Pezet pour le PS et Jean-Michel Belorgey représentant la tendance
Chevé-nement. La ligue des droits de l'homme est représentée, parmi les
pétitionnaires du Réseau Voltaire, par Maître Henri Leclerc, son président,
la Licra par Pierre Aïdenbaum, et le Mrap par Mouloud Aounit.
L'originalité est à rechercher dans le financement du Réseau. Son trésorier,
Michel Sibon, éditeur pornographique (Femmes libérées, Démonia, Lettres
gay...), propriétaire de nombreuses messageries roses et défenseur de
l'usage des drogues comme le cannabis, possède - entre autres - une librairie
spécialisée sur "le sexe, la drogue et la démocratie", dans le 11°
à Paris.
Il avait offert une véritable tribune au Réseau avec le mensuel Maintenant,
disparu en avril dernier, tout comme a sombré le serveur Internet du Réseau
Voltaire. Plus que l'argent des pornocrates, celui des politiques auraient
fait défaut...
Après avoir prêté son concours à diverses causes, de
l'abrogation des lois
Pasqua à la reconnaissance du mariage homosexuel, le Réseau Voltaire a pris
la direction des opposants au magistère de l'Église. Thierry Meyssan a été
condamné à des dommages et intérêts pour son attaque diffamatoire contre le
Père Daniel-Ange, le 2 octobre dernier, sur le plateau de Christophe
Dechavanne. Onze mois plus tard, il ne veut pas risquer, à nouveau, les
foudres de la justice pour "atteinte à la dignité d'un chef
d'état", en se
mêlant au cortège ouvertement blasphématoire du collectif de Tours. Plus
subtilement, il place son action sous le signe de la défense de la laïcité,
et pas seulement de l'opposition à la venue du Pape. Ce membre de Radical
sait que la recomposition de la gauche ne peut se faire que sur le dernier
mythe fon-dateur que constitue la laïcité. Au moment où le président de la
République accueillera le Pape en France, et où le chef du gouvernement et
ses ministres feront le voyage à Tours, Thierry Meyssan jouera les supplétifs
de la gauche unie, aux ordres du Grand Orient de France. C'est en effet dans
les locaux de la loge de la rue Cadet que se tiennent les réunions
d'organisation de la grand-messe laïque du 22 septembre.
Ces détails ne gênent manifestement pas les catholiques de gauche de la revue
Golias, membre officiel du Réseau Voltaire. Pas plus que Témoignage Chrétien,
qui n'hésite pas, dans son manifeste Nous sommes aussi l'Église, à appeler
"à
participer aux manifestations organisées, le 22 septembre, pour dénoncer les
menaces contre la laïcité et défendre les valeurs de la république".
Pour
l'hebdomadaire repris cette année par Bernard Ginisty, dont le conseil de
surveillance est présidé par le journaliste de télévision Pierre-Luc
Séguillon, il s'agit de dénoncer "la campagne orchestrée autour de la
mise en
oeuvre d'une Europe chrétienne dont le Vatican assurerait la direction
spirituelle".
Dans le même esprit, le texte d'une "supplique à
Jean-Paul Il" circule en
Tou-raine et en Bretagne "Dans ta voiture blindée - ou en hélicoptère -
tu
passeras à côté de nous, au dessus de nous - et loin de nous - et encore plus
loin de ceux qui sont loin... C'est pourquoi un certain nombre d'entre nous
restera avec eux pendant ton passage parmi nous... Nous nous faisons l'écho
de nombreuses ques-tions de nos compatriotes au sujet de ta venue en Touraine
: (...) pourquoi nommes-tu de plus en plus d'évêques loin du peuple et issus
trop souvent de l'opus Dei ? Pourquoi t'obstines-tu à faire du célibat des
prêtres une obligation et non un choix personnel ? Pourquoi as- tu des propos
Si frileux sur la sexualité, alors qu'en certaines de ses applications,
l'immense majorité des chrétiens ne te suit pas ? (...) Nous pensons que Rome
n'est pas le coeur du monde, mais que c'est le monde qui devrait être au
coeur de Rome..." Remarquable contresens sur l'Évangile de Saint Jean
"Soyez
dans le monde, mais ne soyez pas du monde".
Ailleurs, ce sont les partisans de Monseigneur Gaillot qui
portent la
contradiction, comme en Vendée où c'est Solidarité église liberté (SEL),
l'antenne locale des réseaux Évreux sans frontières et Partenia 2000, qui
attaque la subvention accordée par le conseil général à l'occasion de la
venue du Pape à Saint-Laurent--sur-Sèvre. Partenia 2000 est présidé par
Gabriel Marc, administrateur de l'lnsee et ancien président du CCFD. Il avait
dû quitter ses fonctions après les révélations sur le financement de
guérillas marxistes par l'argent de l'Église de France. Son trésorier, le
père Michel Pinchon, est le principal animateur de Jonas, un groupe de
prêtres progressistes, et co-auteur de La Révolte des prêtres, à paraître
chez Grasset. Parmi les fondateurs, se trouvaient Jacques Bayvet, président
du directoire de la société de publication de La Vie Catholique, et
Jean-Claude Petit, ancien prêtre et directeur de La Vie. On trouve aussi,
dans la mouvance de Monseigneur Gaillot, le groupe Paroles, réunissant les
signataires d'un article prenant la défense de l'évêque Évreux, publié dans
Le Monde du 18 janvier 1995. Parmi eux, le professeur Testard, qui a
également signé la pétition contre la venue du Pape, en septembre prochain.