Voici des textes sur les positions de l'Eglise Catholique
face à la vie et à l'Euthanasie.

les numéros
renvoient à d'autres chapitres du KT.
I. Le respect de la vie
humaine
Le témoignage de
l'Histoire Sainte
2259 L'Écriture, dans le récit du meurtre d'Abel par son frère Caïn [2],
révèle, dès les débuts de l'histoire humaine, la présence dans l'homme de
la colère et de la (401) convoitise, conséquences du péché originel. L'homme
est devenu l'ennemi de son semblable. Dieu dit la scélératesse de ce
fratricide : " Qu'as-tu fait ? La voix du sang de ton frère crie vers Moi.
Maintenant donc maudit sois-tu de par le sol qui a ouvert sa bouche pour prendre
de ta main le sang de ton frère " (Gn 4, 10-11).
2260 L'alliance de Dieu et de l'humanité est tissée des rappels du don divin
de la vie humaine et de la violence meurtrière de l'homme :
Je demanderai compte du sang de chacun de vous (...). Qui verse le sang de
l'homme, par l'homme aura son sang versé. Car à l'image de Dieu l'homme a
été fait (Gn 9, 5-6).
L'Ancien Testament a toujours considéré le sang comme un signe sacré de la
vie [3]. La nécessité de cet enseignement est de tous les temps.
2261 L'Écriture précise l'interdit du cinquième commandement : " Tu ne
tueras pas l'innocent ni le juste " (Ex 23, 7). Le meurtre volontaire d'un
innocent est gravement contraire à la dignité de l'être humain, à la règle
d'or et à la sainteté du (1756) Créateur. La loi qui le proscrit est
universellement valable : elle oblige tous et (1956) chacun, toujours et
partout.
2262 Dans le sermon sur la Montagne, le Seigneur rappelle le précepte : "
Tu ne tueras pas " (Mt 5, 21), il y ajoute la proscription de la colère,
de la haine et de la vengeance. Davantage encore, le Christ demande à son
disciple de tendre l'autre joue [1], d'aimer ses ennemis [2]. Lui-même ne s'est
pas défendu et a dit à Pierre de (2844) laisser l'épée au fourreau [3].
La légitime défense
2263 La défense légitime des personnes et des sociétés n'est pas une
exception à l'interdit du meurtre de l'innocent que constitue l'homicide
volontaire. " L'action de se défendre peut entraîner un double effet :
l'un est la conservation de sa propre (1737) vie, l'autre la mort de
l'agresseur. (...) L'un seulement est voulu; l'autre ne l'est pas [4]. "
2264 L'amour envers soi-même demeure un principe fondamental de la moralité.
Il est donc légitime de faire respecter son propre droit à la vie. Qui défend
sa vie (2196) n'est pas coupable d'homicide même s'il est contraint de porter
à son agresseur un coup mortel :
Si pour se défendre on exerce une violence plus grande qu'il ne faut, ce sera
illicite. Mais si l'on repousse la violence de façon mesurée, ce sera licite
(...). Et il n'est pas nécessaire au salut que l'on omette cet acte de
protection mesurée pour éviter de tuer l'autre; car on est davantage tenu de
veiller à sa propre vie qu'à celle d'autrui [5].
2265 La légitime défense peut être non seulement un droit, mais un devoir
grave, pour celui qui est responsable de la vie d'autrui, du bien commun de la
famille ou (2240) de la cité.
2266 Préserver le bien commun de la société exige la mise hors d'état de
nuire de l'agresseur. À ce titre l'enseignement traditionnel de l'Église a
reconnu le bien-fondé du droit et du devoir de l'autorité publique légitime
de sévir par des peines (1897), (1899) proportionnées à la gravité du
délit, sans exclure dans des cas d'une extrême gravité la peine de mort. Pour
des raisons analogues les détenteurs de l'autorité ont le droit de repousser
par les armes les agresseurs de la cité dont ils ont la charge. (2308)
La peine a pour premier effet de compenser le désordre introduit par la faute.
Quand cette peine est volontairement acceptée par le coupable, elle a valeur
(1449) d'expiation. De plus, la peine a pour effet de préserver l'ordre public
et la sécurité des personnes. Enfin, la peine a une valeur médicinale, elle
doit, dans la mesure du possible, contribuer à l'amendement du coupable [1].
2267 Si les moyens non sanglants suffisent à défendre les vies humaines contre
l'agresseur et à protéger l'ordre public et la sécurité des personnes,
l'autorité s'en (2306) tiendra à ces moyens, parce que ceux-ci correspondent
mieux aux conditions concrètes du bien commun et sont plus conformes à la
dignité de la personne humaine.
L'homicide volontaire
2268 Le cinquième commandement proscrit comme gravement peccamineux l'homicide
direct et volontaire. Le meurtrier et ceux qui coopèrent volontairement au
meurtre commettent un péché qui crie vengeance au ciel [2]. (1867)
L'infanticide [3], le fratricide, le parricide et le meurtre du conjoint sont
des crimes spécialement graves en raison des liens naturels qu'il brisent. Des
préoccupations d'eugénisme ou d'hygiène publique ne peuvent justifier aucun
meurtre, fût-il commandé par les pouvoirs publics.
2269 Le cinquième commandement interdit de ne rien faire dans l'intention de
provoquer indirectement la mort d'une personne. La loi morale défend d'exposer
sans raison grave quelqu'un à un risque mortel ainsi que de refuser
l'assistance à une personne en danger.
L'acceptation par la société humaine de famines meurtrières sans s'efforcer
d'y porter remède est une scandaleuse injustice et une faute grave. Les
trafiquants, dont les pratiques usurières et mercantiles provoquent la faim et
la mort de leurs frères en humanité, commettent indirectement un homicide.
Celui-ci leur est imputable [4].
L'homicide involontaire n'est pas moralement imputable. Mais on n'est pas
excusé d'une (2290) faute grave si, sans raisons proportionnées, on a agi de
manière à entraîner la mort, même sans l'intention de la donner.
L'avortement
2270 La vie humaine doit être respectée et protégée de manière absolue
depuis le moment de la conception. Dès le premier moment de son existence,
l'être 1703 humain doit se voir reconnaître les droits de la personne, parmi
lesquels le droit (357) inviolable de tout être innocent à la vie [5].
Avant d'être façonné dans le ventre maternel, je te connaissais. Avant ta
sortie du sein, je t'ai consacré (Jr 1, 5).
Mes os n'étaient point cachés devant toi quand je fus fait dans le secret,
brodé dans les profondeurs de la terre (Ps 139, 15).
2271 Depuis le Ier siècle, l'Église a affirmé la malice morale de tout
avortement provoqué. Cet enseignement n'a pas changé. Il demeure invariable.
L'avortement direct, c'est-à-dire voulu comme une fin ou comme un moyen, est
gravement contraire à la loi morale :
Tu ne tueras pas l'embryon par l'avortement et tu ne feras pas périr le
nouveau-né [1].
Dieu, Maître de la vie, a confié aux hommes le noble ministère de la vie, et
l'homme doit s'en acquitter d'une manière digne de Lui. La vie doit donc être
sauvegardée avec soin extrême dès la conception : l'avortement et
l'infanticide sont des crimes abominables [2].
2272 La coopération formelle à un avortement constitue une faute grave. L'Église
sanctionne d'une peine canonique d'excommunication ce délit contre la vie
humaine. " Qui procure un avortement, si l'effet s'ensuit, encourt
l'excommunication latae sententiae [3] ", " par le fait même de la
commission du délit [4] " et aux conditions prévues par le Droit [5]. L'Église
n'entend pas ainsi restreindre le champ de la (1463) miséricorde. Elle
manifeste la gravité du crime commis, le dommage irréparable causé à
l'innocent mis à mort, à ses parents et à toute la société.
2273 Le droit inaliénable à la vie de tout individu humain innocent constitue
un élément constitutif de la société civile et de sa législation : (1930)
" Les droits inaliénables de la personne devront être reconnus et
respectés par la société civile et l'autorité politique. Les droits de
l'homme ne dépendent ni des individus, ni des parents, et ne représentent pas
même une concession de la société et de l'État; ils appartiennent à la
nature humaine et sont inhérents à la personne en raison de l'acte créateur
dont elle tire son origine. Parmi ces droits fondamentaux, il faut nommer le
droit à la vie et à l'intégrité physique de tout être humain depuis la
conception jusqu'à la mort [6]. "
" Dans le moment où une loi positive prive une catégorie d'êtres humains
de la protection que la législation civile doit leur accorder, l'État en vient
à nier l'égalité de tous devant la loi. Quand l'État ne met pas sa force au
service des droits de tous les citoyens, et en particulier des plus faibles, les
fondements même d'un état de droit se trouvent menacés (...). Comme
conséquence du respect et de la protection qui doivent être assurés à
l'enfant dès le moment de sa conception, la loi devra prévoir des sanctions
pénales appropriées pour toute violation délibérée de ses droits [7].
"
2274 Puisqu'il doit être traité comme une personne, dès la conception,
l'embryon devra être défendu dans son intégrité, soigné et guéri, dans la
mesure du possible comme tout autre être humain.
Le diagnostic prénatal est moralement licite, " s'il respecte la vie et
l'intégrité de l'embryon et du foetus humain, et s'il est orienté à sa
sauvegarde ou à sa guérison individuelle(...). Il est gravement en opposition
avec la loi morale, quand il prévoit, en fonction des résultats,
l'éventualité de provoquer un avortement. Un diagnostic ne doit pas être
l'équivalent d'une sentence de mort [1]. "
2275 " On doit considérer comme licites les interventions sur l'embryon
humain, à condition qu'elles respectent la vie et l'intégrité de l'embryon et
qu'elles ne comportent pas pour lui de risques disproportionnés, mais qu'elles
visent à sa guérison, à l'amélioration de ses conditions de santé, ou à sa
survie individuelle [2]. "
" Il est immoral de produire des embryons humains destinés à être
exploités comme un matériau biologique disponible [3]. "
" Certaines tentatives d'intervention sur le patrimoine chromosomique ou
génétique ne sont pas thérapeutiques, mais tendent à la production d'êtres
humains sélectionnés selon le sexe ou d'autres qualités préétablies. Ces
manipulations sont contraires à la dignité personnelle de l'être humain, à
son intégrité et à son identité " unique, non réitérable [4].
L'euthanasie
2276 Ceux dont la vie est diminuée où affaiblie réclament un respect
spécial. Les personnes malades ou handicapées doivent être soutenues pour
mener une vie (1503) aussi normale que possible.
2277 Quels qu'en soient les motifs et les moyens, l'euthanasie directe consiste
à mettre fin à la vie de personnes handicapées, malades ou mourantes. Elle
est moralement irrecevable.
Ainsi une action ou une omission qui, de soi ou dans l'intention, donne la mort
afin de supprimer la douleur, constitue un meurtre gravement contraire à la
dignité de la personne humaine et au respect du Dieu vivant, son Créateur.
L'erreur de jugement dans laquelle on peut être tombé de bonne foi, ne change
pas la nature de cet acte meurtrier, toujours à proscrire et à exclure.
2278 La cessation de procédures médicales onéreuses, périlleuses,
extraordinaires ou disproportionnées avec les résultats attendus, peut être
légitime. C'est le refus de " l'acharnement thérapeutique ". On ne
veut pas ainsi donner la mort; on accepte de ne pas pouvoir l'empêcher. Les
(1007) décisions doivent être prises par le patient s'il en a la compétence
et la capacité, ou sinon par les ayants droit légaux, en respectant toujours
la volonté raisonnable et les intérêts légitimes du patient.
2279 Même si la mort est considérée comme imminente, les soins ordinairement
dus à une personne malade ne peuvent être légitimement interrompus. L'usage
des analgésiques pour alléger les souffrances du moribond, même au risque
d'abréger ses jours, peut être moralement conforme à la dignité humaine si
la mort n'est pas voulue, ni comme fin ni comme moyen, mais seulement prévue et
tolérée comme inévitable. Les soins palliatifs constituent une forme
privilégiée de la charité désintéressée. À ce titre ils doivent être
encouragés.
Le suicide
2280 Chacun est responsable de sa vie devant Dieu qui la lui a donnée. C'est
Lui qui en reste le souverain Maître. Nous sommes tenus de la recevoir avec
reconnaissance (2258) et de la préserver pour son honneur et le salut de nos
âmes. Nous sommes les intendants et non les propriétaires de la vie que Dieu
nous a confiée. Nous n'en disposons pas.
2281 Le suicide contredit l'inclination naturelle de l'être humain à conserver
et à perpétuer sa vie. Il est gravement contraire au juste amour de soi. Il
offense également l'amour du prochain, parce qu'il brise injustement les liens
de solidarité avec les sociétés familiale, nationale et humaine à l'égard
desquelles nous demeurons (2212) obligés. Le suicide est contraire à l'amour
du Dieu vivant.
2282 S'il est commis dans l'intention de servir d'exemple, notamment pour les
jeunes, le suicide prend encore la gravité d'un scandale. La coopération
volontaire au suicide est contraire à la loi morale.
Des troubles psychiques graves, l'angoisse ou la crainte grave de l'épreuve, de
la souffrance ou de la torture peuvent diminuer la responsabilité du
suicidaire. (1735)
2283 On ne doit pas désespérer du salut éternel des personnes qui se sont
donné la mort. Dieu peut leur ménager, par les voies que Lui seul connaît,
l'occasion d'une salutaire repentance. L'Église prie pour les personnes qui ont
attenté à leur (1037) vie.
**********************
EN BREF
2318 " Dieu tient en son pouvoir l'âme de tout vivant et le souffle de
toute chair d'homme " (Jb 12, 10).
2319 Toute vie humaine, dès le moment de la conception jusqu'à la mort, est
sacrée parce que la personne humaine a été voulue pour elle-même à l'image
et à la ressemblance du Dieu vivant et saint.
2320 Le meurtre d'un être humain est gravement contraire à la dignité de la
personne et à la sainteté du Créateur.
2321 L'interdit du meurtre n'abroge pas le droit de mettre hors d'état de nuire
un injuste agresseur. La légitime défense est un devoir grave pour qui est
responsable de la vie d'autrui ou du bien commun.
2322 Dès sa conception, l'enfant a le droit à la vie. L'avortement direct,
c'est-à-dire voulu comme une fin ou comme un moyen, est une " pratique
infâme [1] " gravement contraire à la loi morale. L'Église sanctionne
d'une peine canonique d'excommunication ce délit contre la vie humaine.
2323 Puisqu'il doit être traité comme une personne dès sa conception,
l'embryon doit être défendu dans son intégrité, soigné et guéri comme tout
autre être humain.
2324 L'euthanasie volontaire, quels qu'en soient les formes et les motifs,
constitue un meurtre. Elle est gravement contraire à la dignité de la personne
humaine et au respect du Dieu vivant, son Créateur.
2325 Le suicide est gravement contraire à la justice, à l'espérance et à la
charité. Il est interdit par le cinquième commandement.
2326 Le scandale constitue une faute grave quand par action ou par omission il
entraîne délibérément autrui à pécher.
2327 À cause des maux et des injustices qu'entraîne toute guerre nous devons
faire tout ce qui est raisonnablement possible pour l'éviter. L'Église prie :
" De la famine, de la peste et de la guerre délivre-nous, Seigneur. "
2328 L'Église et la raison humaine déclarent la validité permanente de la loi
morale durant les conflits armés. Les pratiques délibérément contraires au
droits des gens et à ses principes universels sont des crimes.
2329 " La course aux armements est une plaie extrêmement grave de
l'humanité et lèse les pauvres d'une manière intolérable [2]. "
2330 " Heureux les artisans de paix, car ils seront appelés fils de Dieu
" (Mt 5, 9).
Retour à Racines Chrétiennes