Nos frères du Nil

 

O Dieu tout puissant, unique Créateur du Ciel et de la terre

Roi de tous les cieux;

Je t’adore et me prosterne devant Toi

Je cherche ton visage

et voudrais vivre pour Toi

Je te servirai toute ma vie [.....]

 

..Tu es le soutien de l’orphelin, le bras du faible.

C’est Toi qui écoute la prière du pauvre

Ne m’abandonne pas à cause de mes péchés

Aie pitié de moi...

Ces prières datent du III ème millénaire avant le Christ. Elles ont été retrouvées dans les déserts d’Égypte. Pourtant elles ressemblent étrangement à certaines de nos hymnes et le ton en est résolument monothéiste.
L’égyptomanie qui saisit la France devrait éveiller notre intérêt pour nos frères coptes. Leur nom (Copte, du grec « aiguptos » égyptien) comme leur langue, les rattachent directement aux civilisations des Empires du Nil .
Ils ont formé l’une des premières communautés chrétiennes avec Jérusalem, Antioche et Rome, fondée, selon la tradition, par Saint Marc, c’est-à-dire très tôt dans la seconde moitié du 1er siècle. Saint Antoine, les Pères du désert, Clément d’Alexandrie, Origène, Saint Athanase et Saint Cyrille ont joué un rôle capital dans l’élaboration des dogmes et dans l’approche de la spiritualité chrétienne.
Surtout ils sont su préserver leur foi à travers les catastrophes qui les ont frappé pendant tout au long de leur histoire et face à un Islam conquérant...et qui le reste dans leur pays. Car leur situation en Égypte est de plus en plus difficile.
Ils sont 7 millions ( population égyptienne : 62 millions ) dont 1 million vivent à l’étranger. La plupart sont orthodoxes et leur chef spirituel est le Patriarche d’Alexandrie, nomme par un collège électoral composé de clercs et de laïcs. Ce collège désigne trois noms : l’un d’eux est tiré au sort et devient « Pape d’Alexandrie et Patriarche de la prédication de Saint Marc ». Depuis 1971 c’est Chenouda III qui porte ce titre.
Si ces relations avec le gouvernement égyptien ne sont pas toujours faciles - en 1981 il a été exilé plusieurs années dans son monastère situé en plein désert - le rapprochement avec l’Église catholique a beaucoup progressé.
En 1971 Paul VI et Chenouda III ont signé une déclaration de foi christologique commune ( Dieu s’est fait homme ) et ont levé les anathèmes entre les deux confessions. Vingt quatre ans plus tard, Jean-Paul II a rappelé dans l’encyclique Ut unum sint qu’il n’existe plus aucune différence dogmatique entre Rome et Alexandrie en ce qui concerne le Christ.
A l’origine de la séparation une divergence sur la nature du Christ telle que définie au Concile de Chalcédoine ( 451 ) : la personne du Sauveur est une en deux natures, divine et humaine. La majorité de l’église d’Alexandrie pensait que cette définition allait dans le sens de l’existence de deux Christ, l’un humain et l’autre divin et la rejetait donc.
Les empereurs byzantins essayèrent de ramener les coptes au dogme de Chalcédoine et suscitèrent ainsi une hostilité nationale et culturelle des égyptiens envers Byzance...ce qui ne manqua pas de faciliter la conquête arabe au VII ème siècle.
La vigueur et la ténacité des coptes dans leur foi et leur culture ont inspiré une belle littérature sacrée et une liturgie superbe. Il vaut la peine de l’explorer, ne serait-ce que pour être en union de prières avec eux.

 

Bernard

Si l’aventure de ces frères vous intéresse je vous signale une revue Le Monde copte publiée par le professeur Ashraf Sadek, 11bis rue Champollion ( ce n’est pas une blague ! ) à Limoges 87000. Tel 05 55 50 21 87.

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24/02/03