Quand Georges Suffert revisite l’Evangile

" Pour vous, qui suis-je ?  " Tous les écrivains ayant tenté de répondre à cette parole du Christ n’ont eu le choix qu’entre deux attitudes. Soit privilégier l’intelligence et se servir de la science et de l’érudition pour éclairer le personnage le plus fascinant des deux millénaires que nous achevons ; soit donner la préférence au cœur et chercher la personne derrière le personnage. Privilégier le cœur ne veut d’ailleurs pas dire que l’on néglige l’intelligence et réciproquement.
Jacques Duquesne, journaliste et romancier à succès, se range dans la première catégorie. Il a publié récemment un Jésus, intéressant parcequ’il est un catalogue aisé à lire de ce que la critique historique, allemande puis française, a sorti depuis le milieu du XIX° siècle sur Jésus et la Palestine de son temps.
Georges Suffert, également journaliste, également écrivain, également catholique, a choisi la seconde voie. Titre de son tout récent ouvrage publié chez Ramsay en octobre 1997 En cheminant avec Jésus - Les Evangiles revisités par un chrétien ordinaire. Le texte de Suffert n’a rien d’un livre de piété au sens classique du terme. Il est gai, souvent pétillant. L’observateur professionnel qu’est l’auteur vit bien dans son temps dont il connaît les opinions et les préjugés. Mais il refuse de s’enfermer dans les interrogations sur ce que la science peut dire ou ne pas dire sur la plausibilité des récits évangéliques. Par exemple : les miracles sont-ils la preuve que Jésus n’était pas Dieu puisqu’ils sont impossibles scientifiquement parlant, ou bien de nouvelles découvertes viendront-elle, un jour, leur donner une explication scientifique ? Suffert, sûr de sa foi, ne les discute pas ; l’important pour lui est d’y trouver un sens spirituel qui puisse guider sa vie.
" Les quatre Evangiles, écrit-il, ont survécu aux bouleversements de l’histoire parce que leur contenu arrache les hommes à leur quotidienneté, qu’ils leur jettent au visage des assertions inconcevables, qu’ils soutiennent que le mal et la mort sont désormais vaincus. Affirmation ridicule pour le citoyen romain du temps de Néron, comme pour l’employé de bureau de cette fin du deuxième millénaire. ....Passent les philosophies, les théories scientifiques, les doctrines politiques ; la poussière du temps, en quelques années, les recouvre....Le souffle de la Pentecôte, le mystère de l’Esprit, la loi de l’amour, ont peut-être attendu le troisième millénaire pour révéler aux hommes une partie du mystère de leur destin. Il faut quelques milliers d’années pour déchiffrer l’Evangile."
Lire ce livre c’est découvrir ou redécouvrir la fraîcheur des paroles de Jésus, leur saveur de printemps...
Bernard
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07/03/98