La prière fréquente transforme l'homme au plus profond de son être
La prière fréquente à laquelle on s'adonne aux diverses heures du jour et de la nuit auxquelles l'Église nous invite à prier, comme aussi chaque fois que l'on se sent poussé par l'Esprit Saint à prier, à temps et à contre-temps, est un moyen des plus efficaces pour "nous transformer par le renouvelle-ment de notre jugement ". Cette vérité est manifesté aux enfants du Christ, initiés a son mystère. Lorsqu'on prie souvent, de jour et de nuit, une vingtaine, une trentaine de fois, chaque fois que l'Esprit nous inspire des paroles d'amour, ne serait-ce que pendant cinq minutes ou même une seule minute, cette prière assidue opère au plus profond de notre mentalité, de notre coeur, de notre caractère et de notre comportement, un changement fondamental. De celui-ci, nous ne prenons pas facilement conscience nous-mêmes, mais toute personne qui nous est proche peut aisément le remarquer.
Lorsqu'on regarde le Christ avec persévérance dans la prière, son image mystique et invisible s'imprime secrète-ment en notre être intérieur. Nous recevons alors ses qualités, c'est-à-dire le reflet de sa bonté et de sa douceur infinie, et la lumière de sa face .
C'est à propos de cette transformation que saint Paul dit - Mes petits enfants, vous que j'enfante dans la douleur jusqu'à ce que Le Christ soit formé en vous -.
La fréquence de nos entretiens avec le Christ dans la prière fait que son image sublime s'imprime secrètement en nous sans que nous nous en doutions. - Et nous tous qui, le visage découvert, contemplons comme en un miroir la gloire du Seigneur, nous sommes transformés en cette même image, toujours plus glorieuse, comme il convient à l'action du Seigneur qui est Esprit
Ce phénomène a son correspondant dans le monde matériel. Quand on expose un corps inerte à l'action d'un corps radio-actif, il reçoit de sa radio-activité à proportion du temps d'exposition. Combien plus serons-nous influencés, nous qui nous approchons de la source de toute lumière qui ait jamais existé dans le monde, et de toute énergie qui ait jamais animé tant les corps célestes que les corps terrestres, Jésus-Christ, Lumière du Père et Lumière du monde!
Le Christ lui-même nous exhorte à nous tenir toujours près de lui. De peur que les ténèbres du monde ne nous atteignent, qu'elles ne rendent aveugle notre intelligence, et qu'ainsi nous cessions de reconnaître la Vérité divine : Mar-chez tant que vous avez la lumière de peur que les ténèbres ne vous atteignent. Je suis la Lumière du monde; qui me suit ne marchera pas dans les ténèbres, mais il aura la Lumière de la Vie .
Ceux qui négligent délibérément la prière s'éloignent malgré eux de la vérité. Ils marchent sur les bords du gouffre, sur les limites de l'incrédulité, c'est-à-dire des ténèbres ex-extérieures. Ils s'exposent à blasphémer sans s'en rendre compte. La moindre épreuve peut les précipiter dans le gouffre du désespoir et de l'inimitié contre Dieu.
Le contraire est aussi vrai. Ceux qui sont assidus à la prière fervente acquièrent une foi plus ferme que les montagnes. Et cela, sans affectation, sans s'en vanter par de vaines paroles. Leur vie, leur comportement attestent cette vérité. Leur patience, leur joie au milieu des épreuves, leur endurance face aux souffrances et à l'injustice sont autant de signes qui témoignent de la solidité de leur foi. Ceux-là ne seront pas atteints par les ténèbres, selon la promesse du Seigneur.
La fréquence de la prière exerce donc, au plus pro-fond de l'homme, une action divine qui l'amène finalement à recevoir la puissance de la grâce. C'est là le début de l'union mystique permanente avec Seigneur.
La prière de communion, d'union au Seigneur
La prière, dans ses débuts, est la porte par laquelle nous accédons au Seigneur et par laquelle le Seigneur vient vers nous pour éveiller et corriger notre conscience, et pour nous exhorter à le recevoir en notre vie, et à nous attacher à lui à jamais pour une vie éternelle.
Aussi, dans ses débuts, la prière exige-t-elle un effort soutenu contre la nature de la chair et du - moi - terrestres qui désirent ne rien perdre des plaisirs de ce monde en vue d'une autre vie qui ne profitera en rien à la chair ni au " moi ".
Si la prière persévère et qu'elle parvient à soumettre à l'esprit la nature de la chair, de sorte que toute tentative, de la part de celle-ci, de s'esquiver, de se dérober par paresse, de différer ou de résister à l'appel de l'Esprit, Soit complètement brisée par la prière, cela témoigne assurément de la victoire de l'esprit et de l'entière domination de Dieu sur l'âme. La prière devient alors le signe évident que s'est réalisée avec succès une participation au Seigneur et le début d'une union à lui, au plan de sa volonté, de son désir et de son obéissance totale au Père. Et cela se manifeste par un amour qui méprise les souffrances jusqu'à la mort.
La prière de communion ou d'union au Seigneur ne fait pas partie des oeuvres de ce siècle. Le temps qu'on y sacre ne fait pas partie des heures de ce siècle. Ce sont des éclats fugitifs, au cours desquels l'homme jouit déjà du Royaume de Dieu par anticipation. Il ressent intérieurement de façon certaine la présence spirituelle du Seigneur Jésus, comme une Vie éternelle qui se déverse en tout son être, et une Lumière qui luit au milieu des ténèbres, les ténèbres des passions, des tentations du monde, de la méchanceté de l'homme et de l'empire du démon.
De tels moments spirituels sont en réalité l'heure divine dont le Seigneur a dit L'heure vient - et nous y sommes - où les morts entendront la voix du Fils de Dieu et ceux qui l'auront entendue vivront'. - En disant - L'heure vient -, il indiquait le temps eschatologique de l'éternité, où se trouvent conservées pour nous les grâces éternelles de Dieu, c'est-à-dire la Vie éternelle dont nous sépare actuellement le voile obscur du péché. En ajoutant. et nous y sommes -, il indique clairement que, durant la prière, la Vie éternelle perce ce voile et envahit notre existence temporelle la lumière du Christ se déverse dans le coeur de celui qui prie, en dépit du monde, de l'esprit des ténèbres et de l'opposition de la chair.
Telle est en vérité la prière de la résurrection, la prière de l'éternité, signifiée par - l'heure du Christ, et pratiquée par ses enfants, initiés à son mystère, par ceux qui, lorsqu'ils entendent sa voix, n'endurcissent pas leur coeur, mais se lèvent tout de suite pour la prière et la louange, en tout temps, sans se lasser.
La prière est plus puissante que le péché
La prière est plus puissante que le péché. Le péché détruit les forces physiques et morales de l'homme, mais il ne peut détruire la puissance de la miséricorde et de l'amour de Dieu. - Dieu est plus fort que les hommes -. - Dieu continue toujours à aimer l'homme, avant, pendant et après le péché.
La prière, en tant que relation entre l'homme et Dieu, nous met en relation avec sa miséricorde qui remet les fautes les plus graves. En soi, la prière est une manifestation de re-mentir et de retour à Dieu. Dieu est toujours disposé à accueillir ceux qui reviennent à lui, car il ne désire pas la mort du pécheur, mais il désire qu'il se convertisse et qu'il vive.
S'il est vrai que le péché détruit une grande partie de la force que l'homme a acquise par la prière, il ne peut toutefois venir à bout de tout ce que l'homme a obtenu dans la prière. Si, après avoir prié, nous succombons, quel que Soit le genre de notre péché, nous conservons toujours en nous un reste de la puissance acquise par la prière. Et cette puissance finit par reprendre le dessus. Après les plus grandes fautes, il reste toujours dans le coeur de l'homme et dans sa conscience un fond de puissance spirituelle, qui s'est formé en lui par la prière offerte à Dieu avec un coeur sincère et une conscience qui refuse le péché.
Par la prière assidue, l'homme acquiert petit à petit un trésor de puissance spirituelle qui finalement parvient, non seulement à annuler tout péché, mais à purifier la conscience du sentiment pénible causé par le péché. La joie de la rémission et du salut vient remplacer l'affliction et la douleur causées par le péché. La prière s'avère être la pleine guérison de l'âme.
Mais cela ne s'accomplit pas en un jour, ni même en une année. C'est au cours de longues années que la prière réa-lise son oeuvre de maturation, lente mais continue, en vue de détruire le désir du péché et de laver progressivement la conscience. Lorsque la vie de prière est suffisamment mûre, la lumière du salut commence à briller d'une façon intense et inattendue à l'intérieur de l'âme, avec une joie indicible qui s'étend à tout l'être intérieur de l'homme. Cette lumière intérieure, qui n'apparaît que tardivement et qui semble être sou-daine, est en réalité l'oeuvre de longues années, le fruit de milliers de prières.
La prière, échange d'amour avec Dieu
La prière, quel qu'en soit l'aspect d'affliction et de componction, et quel que Soit le sentiment que l'homme a de sa médiocrité et de son indignité à s'entretenir avec Dieu, à cause de ses fautes et de ses nombreux péchés, la prière est, au-dessus de tout cela, l'expression d'un am9ur profond échangé entre Dieu et l'homme : l'amour de Dieu s'y est manifesté en attirant le coeur de l'homme à prier en sa présence, et l'amour de l'homme a consisté à présenter à Dieu son coeur, ne serait-ce que sous cet aspect d'affliction et de componction.
La prière est une manifestation d'amour, timide en ses débuts, de sorte que l'homme n'arrive pas à l'exprimer par des paroles d'amour, mais plutôt par des paroles de regret, de repentir et de contrition. La maturité de la prière est le signe manifeste de la maturité de l'amour. L'homme ne trouve plus de difficulté à exprimer son amour par des paroles d'amour.
Dieu est amour, tout amour. Il est l'origine et la source de tout amour. Si le coeur de l'homme ne s'ouvre pas à l'amour divin, il reste éloigné de Dieu, privé des faveurs de sa nature rayonnante.
Lorsque le coeur de l'homme est touché par l'amour divin, le premier signe en est une aspiration à se diriger vers Dieu pour s'entretenir avec lui; c'est justement cela la prière. La prière est donc la première manifestation de l'effusion de l'amour divin dans le coeur de l'homme.
S'il est vrai qu'au début de son expérience de la prière l'homme est porté surtout à accuser son péché, la raison en est que l'amour divin - qui a invité et attiré le coeur à la prière - est un amour extrêmement pur, qui ne peut s'accommoder du péché. Aussi le premier effet de cet amour est-il une prière de repentir et de conversion en vue de purifier le coeur pour le préparer à l'échange d'amour avec Dieu. La prière de componction et d'affliction qui broie le coeur est donc à la fois un premier effet de l'amour divin et une préparation du coeur à recevoir le Bien-aimé en personne.
Jésus-Christ, dans l'Évangile, nous exhorte à nous convertir pour être dignes du Royaume des cieux -. Dans la prière, à cause de la présence du Christ en personne, le Royaume des cieux devient très proche de nous. Aussi l'aspiration à se convertir augmente-t-elle durant la prière, au point que l'homme devienne disposé à tout sacrifier, jusqu'à sa propre vie, en réparation de ses péchés. Le mobile mystérieux de cela est la puissance d'amour que le Christ répand secrètement en notre coeur durant la prière. Cette puissance d'amour a le pouvoir de raviver à l'extrême l'ardeur de notre prière. Aussi le Cantique dit-il avec raison que l'amour est fort comme la mort
La prière est l'occasion pour Dieu de répandre son Esprit d'amour dans le coeur de l'homme. Une fois répandu, cet Esprit agit dans le coeur et y produit ses multiples effets il commence par dévoiler le péché, en second lieu il le con-damne, et enfin il le remet. En recevant ces effets de l'Esprit durant la prière, l'homme reçoit l'amour divin. La prière est le moyen d'acquérir l'Esprit d'amour et de se soumettre à son action purifiante.
La prière, acte d'obéissance
Cette soumission à l'Esprit d'amour et à son action purifiante à l'intérieur du coeur durant la prière est la première et la plus importante manifestation d'obéissance à Dieu, d'obéissance à son amour. La docilité rapide de l'homme au premier appel à la prière qu'il ressent en son coeur représente en réalité sa réponse généreuse à la voix de l'amour divin par une obéissance empressée : l'amour invite l'homme à la prière et le coeur obéit à cet appel. Le critère de sincérité de la prière, en tant qu'obéissance à cet appel d'amour, est qu'elle soit entrecoupée de sentiments de repentir et de conversion pour tout péché commis, quelque insignifiant qu'il soit, car la conversion est le premier effet de l'amour divin.
La prière sincère est en soi un acte d'obéissance à Dieu. L'assiduité à la prière, l'empressement à observer les temps qui lui sont consacrés et toutes ses exigences, représente justement la fidélité de l'obéissance à Dieu.
L'homme qui s'efforce chaque jour de prier avec plus de fidélité est justement celui qui est le plus fidèle en son obéissance à Dieu.
La prière, école d'obéissance
Celui qui désire apprendre à obéir à la voix de Dieu, pratiquement dans sa vie, doit commencer par une prompte docilité à l'Esprit de la prière, dès que l'appel de Dieu se fait entendre en son coeur. Par cela, l'obéissance à Dieu devient aisée pour lui, même dans les circonstances les plus dures et les plus difficiles.
Celui qui n'a pas appris, tout d'abord, à obéir à Dieu par la prière continuelle, ne peut, dans les circonstances difficiles, improviser une obéissance prompte, facile et sereine.
L'obéissance à Dieu par la prière du coeur continuelle donne à l'esprit l'occasion de devenir plus fort que la chair et de l'emporter sur les tentations, les plaisirs et les sollicitations de la chair. Petit à petit, la chair perd toute son emprise sur l'homme et celui-ci devient immanquablement docile à l'appel divin.
Celui qui n'apprend pas à être docile à Dieu par la prière peut s'imaginer pouvoir obéir en toute occasion; mais dès que survient l'appel de Dieu au don de soi et au sacrifice, il se trouve pris au dépourvu devant la rébellion de la chair qui se cabre et présente mille faux prétextes pour échapper à l'appel de Dieu; en définitive, l'homme est réduit à se sou-mettre à la chair en perdant la grâce; il se retire tout triste, la tête basse.
L'obéissance à Dieu est une des exigences les plus difficiles de la relation entre l'homme et Dieu. Des prophètes et des saints parmi les plus grands y ont parfois trouvé une occasion de chute. Mais celui qui s'exerce chaque jour par la prière à se soumettre à la voix de Dieu parvient aisément à acquérir l'esprit d'obéissance avec une spontanéité sereine. Car, par la prière, il acquiert progressivement l'esprit d'abandon, c'est-à-dire la disposition à confier sa vie entière à la direction de Dieu et au dessein de sa grâce. L'obéissance devient ainsi une partie intégrante de sa pensée, de ses sentiments et de sa volonté, et cela transparaît dans son comportement.
Le Christ lui-même, a-t-on dit, a appris l'obéissance. Lui, le Fils de Dieu, le Seigneur de la gloire Tout Fils qu'il était, il apprit, de ce qu'il souffrit, l'obéissance
Par la prière, l'homme acquiert, avons-nous dit, l'esprit d'abandon à Dieu. Désirant le rendre parfait dans l'obéissance, Dieu le soumet à la souffrance. En acceptant la souffrance à laquelle Dieu l'expose, l'homme manifeste la plénitude de son obéissance à Dieu, et ceci est le signe de l'achèvement de son salut. Le Christ, tout Fils qu'il était, apprit, de ce qu'il souffrit, l'obéissance; après avoir été rendu parfait, il est devenu pour tous ceux qui lui obéissent principe de salut éternel. La prière est le moyen d'acquérir l'esprit obéissance et d'abandon à Dieu. La souffrance acceptée avec joie est la perfection de l'obéissance; et cela est le fruit de la prière.
L'homme qui aime la prière et qui s'y adonne avec fidélité est celui qui peut accepter la souffrance avec amour. Mais celui qui hait la prière hait aussi nécessairement la souffrance Il montre par là qu'il est tout à fait étranger à l'esprit d'obéissance, et aussi, par conséquent, à l'amour divin, et qu'il est insensible aux avances de cet amour.
La prière, capacité d'abandon à la volonté divine
L'esprit d'abandon que nous recevons durant la prière est en fait une abdication de la volonté propre. Aussi n'y par-vient-on pas facilement, mais au terme d'un long conflit entre le moi humain avec ses fausses espérances - religieuses autant que temporelles - et la volonté divine qui ne désire que le salut de l'homme. La volonté propre - le moi - n'est dé-truite qu'au moyen de multiples contrariétés envoyées par Dieu pour déranger la fausse quiétude du moi. et détruire les monuments d'illusion qu'il élève à sa propre gloire devant les hommes.
Durant ce conflit, si l'homme cesse de prier, il perd son attachement et sa soumission à la volonté divine et cesse de discerner le but du combat et de la vie spirituelle, qui n'est autre que son propre salut. Il prend alors le parti de sa volonté propre, de son moi , et commence à murmurer contre les épreuves que Dieu lui envoie pour son salut. Il refuse les contrariétés et les outrages que Dieu, en sa sagesse suprême et sa providence, dispose pour lui, en vue de le libérer de la vaine gloire. Il y trouve le comble de l'amertume, au point de souhaiter plutôt mourir que se voir ainsi outragé devant les hommes et le monde, car son moi prend plus d'envergure à ses yeux que Dieu lui-même, le maître de la vie!
Quant à l'homme qui trouve son refuge dans la prière et s'y attache, il voit dans les souffrances, les contrariétés et les outrages une condescendance de Dieu, qui daigne intervenir dans sa vie pour le corriger et achever en lui le miracle de l'humilité. Par la persévérance dans la prière, l'homme reçoit finalement l'esprit d'abandon et de soumission à la volonté divine; la grâce éclaire son intelligence pour lui faire voir combien son salut dépendait en fait de la façon dont il allait accepter les souffrances, les contrariétés, les maladies et toute humiliation. De plus en plus, il se range du côté de la volonté divine, jusqu'à l'entière soumission de sa propre volonté, la suppression de son désir propre. Tout son bonheur consiste désormais à accomplir la volonté de Dieu; il y trouve son plus grand plaisir, même dans les circonstances les plus pénibles.
La prière confère donc à l'homme la capacité d'adhérer à la volonté de Dieu et de s'abandonner à lui avec joie.
Le sacrifice, plénitude de l'obéissance
Le progrès de la prière entraîne le progrès de obéissance La plénitude de l'obéissance est elle-même la plénitude de l'amour. Lorsque le coeur devient sensible à l'amour du Christ, qu'il en est touché et qu'il y répond avec docilité, il devient digne d'être initié à son mystère. Le mystère de l'amour du Christ, c'est le sacrifice.
Autrement dit, lorsque l'homme aime la prière et qu'il y trouve son équilibre spirituel, il entre en communion spirituelle avec le Christ; il commence à compatir avec lui à la dé-tresse des pécheurs, des opprimés et des pauvres; son coeur devient semblable à celui du Christ.
La prière permanente et fidèle comporte onc une communion réelle à la vie du Christ et une participation à sa mission essentielle.
Celui qui est assidu à la prière ne tarde pas à recevoir en son coeur le feu du Christ et sa mission propre, c'est-à-dire le désir ardent du salut des hommes, l'amour des pécheurs, le don de soi pour soulager les autres, l'appauvrissement volontaire pour enrichir les âmes et le choix généreux de la croix comme signe d'amour authentique.
La prière commence donc par une rencontre du Christ, puis on l'aime, on entre en communion avec lui, et enfin on participe effectivement à sa vie et à sa croix.
Celui qui désire adopter la mission du Christ, annoncer ses souffrances et sa croix, doit donc commencer par s'adonner à la prière de tout son coeur, afin de se pénétrer de la volonté du Christ avant d'embrasser sa mission.