CONSEILS POUR LA PRIERE (4) par Le Père Matta el-Maskîne, Père du Monastère de saint Macaire en Egypte (Copte)

 

 Le Christ participe à notre prière

Le Christ écoute notre prière. Bien plus, il y prend part de façon effective. Sans le Christ, notre prière ne peut en aucune façon avoir accès auprès du Père. C'est par la mansuétude du Christ, son amour et son humilité que nous avançons avec assurance vers le Père, nous appuyant uniquement sur le sang divin versé pour notre réconciliation et notre justification. Le Christ est donc personnellement présent à notre prière; c'est lui qui la présente au Père par son propre mérite. La prière n'est donc pas une oeuvre unilatérale de la part de l'homme. Tout ce que nous disons dans la prière n'a pas de valeur si le Christ ne dit pas " Amen " , c'est-à-dire s'il ne l'appuie pas par son propre mérite auprès du Père, soutenant notre faiblesse et intercédant pour nos fautes.

Aussi l'homme doit-il être conscient, durant la prière, de cette participation effective du Christ. Il n'est donc pas libre de commencer, de continuer ou de terminer sa prière à son gré. C'est à la suite du Christ qu'il s'y présente, par sa bouche qu'il supplie, par son sang qu'il reprend courage, par sa justice qu'il espère être exaucé et par son amour qu'il interpelle le Père comme son bien-aimé, par l'Esprit du Fils.

L'Esprit Saint crie en notre coeur

L'Esprit Saint sait quelles sont les demandes opportunes et agréables au Christ et au Père. A lui seul il revient de guider notre prière, d'en déterminer la durée et le temps convenable et de nous y exhorter. C'est lui qui nous inspire les paroles et qui infuse en nos coeurs l'ardeur spirituelle et le zèle. C'est lui qui nous pénètre d'affliction et nous fait prier avec cris et larmes, d'un coeur brisé, comme si lui-même avait besoin de la miséricorde du Père et de la médiation du Christ. Aussi est-ce par " des gémissements inexprimables " (Rom.8,26) qu'il crie en nos coeurs vers le Père et vers le Christ, c'est-à-dire par des gémissements puissants et sincères que l'homme ne peut traduire en paroles car ils surpassent l'intelligence par leur ferveur, leur profondeur et leur authenticité.

Se confier à l'Esprit Saint équivaut donc à prier en permanence sans se lasser, car il donne la puissance de persévérer dans la prière avec ferveur, debout, agenouillé ou prosterné, sans être rassasié.

L'Esprit Saint connaît les besoins spirituels de l'homme et il sait quelles sont ses possibilités matérielles quant au temps. Aussi, à l'homme pieux qui a la crainte de Dieu accorde-t-il la plénitude de la prière et sa durée, en sorte que son âme soit pleinement rassasiée, sans pour autant que ses diverses tâches et responsabilités s'en ressentent. Dans le plus court laps de temps, il lui accorde les grâces les plus riches et les plus précieuses, et il lui fait terminer la prière au moment opportun.

Si, par contre, la prière n'est pas guidée par l'Esprit Saint, l'homme en sort sans être consolé, n'ayant pas la paix intérieure ni la joie du coeur, comme si sa prière n'était pas parvenue à l'oreille de Dieu. Comment invoquer l'Esprit Saint ?

L'Esprit Saint est d'une simplicité extrême. Il répond tout de suite à l'appel de l'homme pour peu qu'on l'invoque d'un coeur sincère, plein de foi et de simplicité. Il suffit qu'on l'invite à venir simplement - comme on le ferait avec un enfant simple et innocent - pour qu'il écoute et réponde. Dans la Prière de Tierce, l'Eglise nous apprend à l'invoquer en ces termes : " Viens et daigne demeurer en nous " (Tropaire de Tierce, dont voici le texte entier : " Roi céleste et Consolateur, Esprit de Vérité, présent en tout lieu et remplissant tout, Trésor des dons excellents et Donateur de la Vie, Viens et daigne demeurer en nous, purifie-nous de toute souillure, ô Très Bon, et sauve nos âmes. " )

L'Esprit Saint vient dans le coeur plein d'une foi simple et confiante en la miséricorde de Dieu. La venue de L'Esprit Saint ne s'accompagne d'aucune sensation matérielle. Il ne trouve pas son repos au milieu des cris ou du désordre ni dans un coeur dur, injuste, rancunier, coléreux ou suffisant De même, il ne trouve pas de repos en l'homme " mondain" , c'est-à-dire attaché aux choses de ce monde(Jac 4,4; Jn 2,15) , attiré par la beauté éphémère, ou ambitieux de la gloire de ce siècle.

L'Esprit Saint aime et encourage la prière du pauvre reconnaissant envers Dieu, comme celle du riche ami des pauvres. Il est le Consolateur des inférieurs opprimés et des supérieurs miséricordieux, la Lumière des affligés et la Vie de eux qui se dépensent pour le service de l'Evangile et pour l'amour des petits et des humbles.

Aussi est-il nécessaire à quiconque désire prier d'apprendre tout d'abord à se rendre agréable à l'Esprit Saint, en évitant tout ce qui peut contrarier la douceur, la sainteté et la charité de l'Esprit. Autrement, sa prière serait privée de la seule puissance susceptible de l'élever et de la présenter à Dieu.

Il est également nécessaire à celui qui désire prier en la présence de Dieu d'avoir la pleine assurance d'être soutenu par l'Esprit Saint: n'est-ce pas lui qui nous a enfantés dans les fonts baptismaux ? Nous devons donc l'invoquer du fond du coeur, à de multiples reprises, et lui demander de nous disposer à la prière et de nous accorder la puissance de l'accomplir conformément au désir du Père et du Seigneur Jésus.

Notre prière concerne donc l'Esprit Saint autant et même plus qu'elle ne nous concerne nous-mêmes; car c'est par la prière que se développe l'homme Nouveau engendré en nous par l'Esprit Saint; c'est par la prière qu'il reçoit la lumière divine, qu'il reconnaît la volonté de Dieu et qu'il aprend à la mettre en pratique avec l'aide de la grâce. [à suivre]

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